Tout démolir pour mieux recontruire ?
Publié le | mercredi 3 novembre 2010 | Commentaires fermés sur Tout démolir pour mieux recontruire ?
On démolit tellement de choses ici !
Faut pas avoir d’égo, faut pas être susceptible et surtout… il faut avoir confiance !
Il y a tellement de respect et d’écoute de la part des profs. C’est fou…
Je me sens en sécurité ; totalement. (Ça ne veut pas dire que je n’ai pas peur à chaque fois que je me jette dans le vide.)
Aucun d’eux n’essaie de nous mettre dans un moule… ils nous donnent « juste » les outils, les armes, LA COMPRÉHENSION, après ce sera à nous de choisir !
Chacun d’entre nous devra trouver « sa signature artistique », son style, là où il veut aller… et si il veut y aller. Ses propres ancrages, ses propres images, sa voix, sa voie…
Mais pour cela, il faut traverser plein d’étapes qui sont je trouve très dures…
Il faut accepter… accepter « d’être dans le processus »… c’est une phrase qui revient si souvent. Accepter de passer par des zones d’inconforts, accepter de se pèter la gueule, de fausser quand la voix est amenée dans des endroits qu’elle ne connait pas. Il faut accepter de se montrer sous son jour le plus fragile, le plus maladroit, le moins beau aussi. C’est normal d’avancer à tâtons, on est dans une phase d’apprentissage, d’essais / erreurs.
Il faut accepter de présenter ses textes et sa musique, même loin d’être terminés (et donc si imparfaits) Il faut les interpréter quand même ces chansons en devenir et y croire… en se disant, c’est la version d’aujourd’hui, qui va (et doit encore) mûrir…
Quand on reste connecté à soi-même, on reste « juste », même si on se trompe, même si l’on fausse… c’est difficile de faire confiance en « cela », mais pourtant c’est ça qu’il faut faire…
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On a terminé d’apprendre tous les aspects du phrasé avec Claude. C’est vraiment incroyable… Il nous a donné plein d’exemples : il prenait des hits très connus et les chantait en faisant volontairement plein d’erreurs de phrasés (ex : fin de phrases mal déposées, accents toniques déplacés, manque de nuances, manque d’élans, césures aux mauvais endroits, etc.) : ça démolissait complètement la chanson… comme si la magie s’éteignait… Le jour et la nuit vraiment ! Pourtant, ce sont des petits détails, mais tellement importants !
Lors de ma rencontre individuelle avec lui, on a complètement désintégré mon esquisse de mélodie et de phrasé de « Comme les quais sont tristes ». Il y avait des problèmes d’accents toniques, de césures et de respirations aux mauvais endroits… (normal, j’en suis encore à l’étape de la mettre au monde)
J’ai presque l’impression de repartir à zéro, ce qui m’a foutu à terre pour le reste de la journée… mais je sais que c’est nécessaire, que je dois passer par là.
Il faut que j’apprenne à ne pas figer une chanson trop vite, il faut toujours penser « processus ». Toujours garder à l’esprit que tout peut encore bouger : rythmiquement, harmoniquement, etc.
Je ne suis pas encore content de mon texte de « Comme les quais sont tristes ». Et comme le texte n’est pas final, je ne me suis pas encore attablé sérieusement à l’étude du phrasé. Lorsqu’il m’a fallu l’interpréter devant la classe pour la première fois, j’étais très inconfortable, c’était encore très bancal et approximatif. Évidemment, comment faire passer une émotion, une intention dans ces conditions !
Marie-Claire m’a dit : « Les paroles et la musique sont déjà à un très bon niveau, mais l’interprétation est au niveau des pâquerettes. Arrête de toucher au texte et à la musique et travaille ton phrasé et ton interprétation. Amène-les au même niveau que le reste. Le paufinage viendra plus tard… à force de l’interpréter, l’intention va se définir et cela va t’aider… »
Il y a urgence ! La raison est que le 15 décembre, il y a un excercice public dans le théâtre du Cégep. Et je vais devoir chanter cette chanson qui n’est absolument pas prête ! Il faut mettre les priorités aux bons endroits !
Il y aura aussi deux chansons de groupe à faire !!! (« Chant d’hélium » de Marie Jo Thério et « Pour l’amour qu’il nous reste de Francine Raymond ») Et une seconde interprétation (je pense que je vais choisir « Le pas des ballerines). Cet excercice ne sera pas amplifié (pas de micro) ! Stress au menu donc !!!
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Après deux mois de cours, je dois dire que j’ai plus appris sur l’écriture de chansons qu’en 20 ans de pratique musicale… C’est vrai !
Je me dis souvent que j’aurais dû faire cette école plus tôt. « Je me réponds » encore plus souvent, qu’avant, je n’aurais pas été prêt. -;)
Je pense avoir mis le doigt sur une bonne partie de tout ce qui ne fonctionnent pas : sur mes tics, mes défauts d’écriture, sur des patterns qui reviennent tout le temps et que je dois casser… ou plutôt « passer à travers ». Je le sais, je le comprends, maintenant, il faut que je le mette en pratique.
Il y avait certaines choses qui ne marchaient pas dans mes chansons, je le « sentais », mais je ne parvenais pas à l’expliquer, à trouver la raison… Mais maintenant, je « vois », je sais ce que je dois changer, modifier… et travailler surtout !!!
Je sens que je vais pouvoir amener mes chansons tellement plus loin !
C’est vraiment encourageant !
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Tout est lié. J’ai peur de m’ouvrir, d’oser, de me laisser aller, ça transparaît dans absolument tous les aspects de mes chansons. Ce qui est drôle, c’est que réparer les conséquences de ces blocages qui s’impriment dans mon écriture aide aussi à soigner ces blocages… il y a un mouvement qui se fait dans les deux sens… (je ne sais pas si je suis clair… enfin, je me comprends…)
Des fois, avant une rencontre individuelle, je m’assieds quelque part dans un couloir du Cégep même bondé de monde. Je sors ma guitare et je pratique… je parviens à descendre dans ma bulle en quelques secondes… Il y a deux mois, cela aurait été impossible…
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J’avance, j’avance, j’avance…