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Le pas des ballerines

Publié le | jeudi 28 octobre 2010 | Commentaires fermés sur Le pas des ballerines

Aujourd’hui au cours d’interprétation,
Pour la première fois de ma vie,
J’ai interprété une chanson…
Pour la première fois de ma vie !

Je suis passé juste après la pause. Je revenais en classe,
Un café à la main et je me suis dit : « allez… je passe ! »
Sans grande conviction, auprès du piano, je me suis placé
Et dans la chanson je me suis jeté !

C’est bizarre, ça faisait une semaine que je me répétais comme un mantra : » Bon maintenant ça suffit, lance-toi dans le vide et si tu te pètes la gueule, ben tu te pètes la gueule, t’es là pour ça… essaie de prendre du plaisir… » (Pas à me péter la gueule, mais à chanter…)

En fait, j’ai toujours trouvé ça pénible de chanter devant les autres… je me sens mal dans mon corps, je suis stressé, je ne me sens pas en contrôle, je n’ai pas confiance, etc.
Mais c’est ça que je j’ai envie de faire… donc il y a avait comme qui dirait un « petit » problème !

L’écriture des textes (à part la lenteur) ça va super bien, l’écriture musicale aussi… vraiment. L’interprétation, ça stagne depuis le début des cours, ça se débloquait un peu à chaque fois, mais ce n’était pas spectaculaire, loin de là… il y avait clairement un gros noeud à défaire.

Tout le groupe avait fait un bon bout de chemin vers l’ouverture, le lâcher-prise, moi je traînais la patte…
Je commençais à sentir la pression de Marie-Claire, du regard des autres et surtout de cette urgence qui n’arrête plus de gronder en moi !

J’ai laissé Jean-Luc entamer son intro… j’ai laissé la musique m’emporter et j’ai essayé de m’imaginer en prison… je me suis connecté instantanément au personnage, au mood. Comment ? Je n’en sais rien…

Marie-Claire dit souvent que chanter c’est mettre une émotion dans son corps. Une fois qu’elle y est, le corps sait ce qu’il doit faire… C’est vrai.

Pour une fois, j’arrêtais d’écouter la structure, les accords, j’arrêtais de me dire : « respire là et là… », « baisse les épaules », etc… j’écoutais juste la musique. J’avais l’impression que ça faisait longtemps que je n’avais pas écouté la musique simplement, « normalement »… avec mon coeur, avec mon âme. Et moins avec mon cerveau et un microscope…

Ma voix sortait, ronde, claire… pas parfaite, mais pour la première fois, je sentais qu’il se passait quelque chose, qu’il y avait une émotion qui passait à travers moi et qui se communiquait à l’auditoire.

Je voyais « le vol noir des corbeau » en regardant le ciel par la fenêtre, je voyais « La paille des cachots » par terre… tout devenait évident…

Marcie avait dit quelque chose lorsque Hubert était passé. Elle avait dit : « Il ne faut pas essayer de t’inventer, tu as juste à inventer celui qui est devant toi et tout ce qu’il y a autour de toi… ! Bref, on reste soi et on « réagit » par rapport à ce que l’on « voit », à ce que l’on se crée… On dirait que ça a été un des éléments déclencheurs…
Je pense au métier d’acteur… ça doit être tellement dur ! Se mettre dans la peau d’un personnage… et être juste…

Pour la première fois, j’étais vraiment « dedans » et j’éprouvais du plaisir à chanter. C’était si intense.

Évidemment, au début, j’angoissais, comme d’habitude… je sentais les piquotements dans mes avant-bras et dans mes mains, ça commençait mal. Mais je m’en suis foutu, j’ai dit à mon corps : « Piquote si t’as envie, moi je continue »… c’est ce que j’ai fait… j’ai continué.
J’ai cherché le réconfort, le soutien dans le regard des autres. C’est un bon truc. Tout le monde était super attentif… ému même. Ça « nourrit » terriblement.

Le piquotement n’ont jamais cessé… Marie-Claire dit que c’est de l’énergie qui circule… qui faut s’habituer à vivre cette intensité.

Elle me l’a fait chanter trois fois. Ça devenait de plus en plus « facile ». « L’intention » se précisait de plus en plus. Et quand je me suis senti à l’aise, j’ai laissé revenir les « acquis techniques » : le poids du corps sur les deux premiers tiers des pieds, l’ouverture de la bouche, la tête bien alignée, la respiration du ventre… et ma voix sortait de plus en plus fort, de plus en plus facilement. C’était vraiment chouette.
J’ai fait un grand pas aujourd’hui ! Je sens que j’ai surpris tout le monde… mais surtout moi en réalité ! Je n’aurais jamais cru que ça allait arriver aujourd’hui. Je ne savait pas non plus « ce qui » allait arriver.

En plus, ce que je me dis, c’est que j’ai juste « effleuré » l’interprétation, je vais encore faire beaucoup de chemin intérieur… ça me motive à mort !

J’ai examen de guitare demain… il faut que je dorme un peu…

À suivre…

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